Une crise de bancarisation en Afrique de l'ouest ? Le Bénin montre la voie à suivre !

- Laurent MEHOGNINNOU
- 21 Aug, 2024
Selon les dernières données fournies par la
Commission bancaire ouest-africaine, la bancarisation demeure un défi majeur
pour les pays membres de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Avec une
population estimée à 142 millions de personnes, les 160 banques opérant dans l’Union
ne totalisent que 21 millions de comptes bancaires. Ce chiffre, bien en deçà
des attentes, souligne l’ampleur de la tâche à accomplir pour améliorer
l’inclusion financière dans la région. À titre de comparaison, la licorne
fintech Wave, spécialisée dans les services financiers numériques, compte à
elle seule un nombre de comptes actifs équivalent, ce qui met en lumière le
retard des institutions bancaires traditionnelles face à la montée des
plateformes numériques.
En 2022, le taux de bancarisation dans l’UMOA – qui mesure
le pourcentage d'adultes détenant un compte dans les banques, les caisses
nationales d’épargne, les services postaux et du Trésor – s’est établi à 24,3%.
Ce chiffre, bien qu’en progression par rapport aux années précédentes, reste en
deçà des attentes, soulignant l’urgente nécessité d’accélérer les efforts pour
promouvoir l’inclusion financière dans la région. Parmi les pays de l’UMOA, le
Bénin se distingue comme le leader incontesté en matière de bancarisation, avec
un taux de pénétration estimé à 35,7%. Ce résultat remarquable est le fruit
d’efforts soutenus pour rendre les services financiers plus accessibles à la
population. Le Bénin est suivi de près par la Côte d'Ivoire et le Togo, qui
affichent tous deux un taux de bancarisation avoisinant les 30%. Ces chiffres
témoignent des progrès réalisés dans ces pays, où les initiatives visant à
renforcer l’inclusion financière commencent à porter leurs fruits.Le Mali et
le Sénégal, quant à eux, présentent des taux de bancarisation respectifs de 24%
et 22,5%. Bien qu’encourageants, ces chiffres montrent qu’il reste encore
beaucoup à faire pour atteindre des niveaux de bancarisation comparables à ceux
des pays en tête du classement. Enfin, le Niger ferme la marche avec un taux de
bancarisation d’environ 8,7%, illustrant les défis considérables auxquels le
pays est confronté en matière d’inclusion financière. Face à ce constat, les
autorités monétaires et les acteurs du secteur financier se mobilisent pour
inverser la tendance. L’introduction du Système de Paiement Interbancaire (SPI)
est perçue comme une solution potentielle pour dynamiser la bancarisation dans
la région. Ce système vise à faciliter les transactions entre les différentes
institutions financières, à réduire les coûts des services bancaires, et à
simplifier l’accès des populations aux services financiers. Le SPI pourrait
également jouer un rôle crucial dans l’intégration des plateformes numériques,
comme Wave, dans l’écosystème bancaire traditionnel. En favorisant une
collaboration plus étroite entre les banques et les fintechs, le SPI pourrait
contribuer à élargir l’accès aux services financiers, notamment pour les
populations non bancarisées.
La situation actuelle de la bancarisation dans
l’UMOA appelle à une action concertée et urgente. Les autorités monétaires, les
banques, et les fintechs doivent unir leurs forces pour développer des
solutions innovantes et accessibles, adaptées aux besoins spécifiques des
populations de la région. Le succès du SPI sera déterminant pour relever ce
défi et pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte pour l’inclusion
financière en Afrique de l’Ouest. Bien que les défis soient de taille, il est
possible de croire en un avenir meilleur pour la bancarisation en Afrique de
l’Ouest. Avec le Bénin en fer de lance, la région dispose d’exemples positifs à
suivre. L’adoption du SPI et la collaboration accrue entre banques et fintechs
offrent une lueur d’espoir pour un changement durable, permettant à un plus
grand nombre d’Africains de bénéficier des avantages de l’inclusion financière.
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