Bénin : un appui décisif du Fonds africain de développement préserve des jeunes ruraux du chemin de l’émigration clandestine vers l’Occident
- Amira Badirou
- 01 Jul, 2024
« Grâce au projet du Fonds africain de développement, nous avons décidé de ne plus tenter l’aventure en Europe ou ailleurs ».
Visage encore juvénile, Ernest Akey, la vingtaine, traîne son corps frêle entre plusieurs étangs pour placer son filet et repêcher quelques poissons. Tenté hier par des envies de départ pour l’Europe à la quête d’une hypothétique vie meilleure, il gagne mieux sa vie aujourd’hui grâce à la pisciculture. « Cette activité nous demande beaucoup d’efforts et par le passé nous travaillions à perte. Depuis que nous bénéficions d’un meilleur encadrement, les choses vont mieux. Nous sommes motivés par ce changement et nous avons décidé de ne plus tenter une quelconque aventure vers l’Europe ou ailleurs, de rester nous occuper de nos étangs afin de mieux gagner nos vies », raconte Ernest Akey.
Originaire de Tchaourou, région agricole du Borgou, située à l’Est du Bénin, limitrophe du Nigeria, le jeune pisciculteur rêve de disposer de moyens plus importants pour développer son activité. « Nous remercions tous ceux qui nous soutiennent à travers ce projet, mais nous souhaitons qu’ils nous aident aussi à agrandir nos étangs, car nous avons assez d’espaces à exploiter. Cela facilitera notre épanouissement », plaide le jeune homme.Elisabeth Kpekpassi, la trentaine, est aussi soulagée de bénéficier d’un appui qui a changé sa vie. Auparavant vendeuse de soupe, elle peinait à subvenir aux besoins de sa famille. Après avoir bénéficié d’une formation en pisciculture, elle s’y consacre à plein temps. « Désormais tous nos enfants vont à l’école et nous parvenons à payer leur scolarité grâce à cette activité », se réjouit-elle. En compagnie de 24 autres femmes, elles forment une association pour aider leurs époux à entretenir les étangs. Elles font également du maraîchage et de l’élevage.
Fusil de chasse à l’épaule gauche, casquette vissée sur le côté droit, Athanase Glinon, un des surveillants de ces ranchs à Gbadagba, dans le département du Zou, démarre sa randonnée quotidienne. « Ici nous avons pour tâche de surveiller et de veiller sur la forêt afin de protéger les animaux qui s’y trouvent. Nous les protégeons des chasseurs. Les matins, avec les forestiers, nous faisons le tour de la forêt et les soirs également. Après cela nous nous fouillons l’intérieur », raconte le jeune quarantenaire.
Ernest et Elisabeth sont des bénéficiaires de la deuxième phase du Projet d’appui à la gestion des forêts communales du Bénin. Ce projet financé pour 11,19 millions de dollars américains par le Fonds africain de développement, le guichet de prêts à taux concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement et le Fonds pour l'environnement mondial couvre les départements de l’Atlantique, du Zou, des Collines du Borgou et de la Donga au Bénin.
Cette deuxième phase du projet consolide les acquis de la première en matière de couvert forestier et d’infrastructures de gestion. Elle complète le dispositif de stabilisation des écosystèmes forestiers au Bénin, renforce la sécurité alimentaire et nutritionnelle et permet de diversifier les activités génératrices de revenus pour les populations locales principalement les femmes et les jeunes, explique Youssouf Kaboré, gestionnaire du projet à la Banque africaine de développement.
Outre la promotion de la pisciculture en étangs, la première phase du projet a permis de réaliser des milliers de plantations communales, d’enrichir une soixantaine de forêts sacrées dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, berceau du Vaudou. La première phase a aussi permis de créer trois ranchs fauniques, soutient-il.« À l’époque, les coups de feu des braconniers étaient fréquents, mais actuellement nous avons réussi à éradiquer cela. Nous remercions le projet et ses partenaires pour tous les efforts consentis. Sans leur aide nous ne serions sans doute pas ici à travailler. Mais nous leur demandons de nous aider davantage car nous n’avons pas des équipements convenables. Nous avons besoin de lampes-torches adéquates, des chaussures de sécurité adaptées à la marche en forêt », plaide-t-il.
« La Banque se réjouit des résultats obtenus qui ont un impact réel dans la préservation de l’environnement et de la biodiversité mais également dans l’amélioration du niveau de vie des populations, se réjouit M. Kaboré. L’action de la Banque au Bénin va se poursuivre pour accélérer la transformation structurelle du secteur agro-industriel afin de garantir la sécurité alimentaire par l’amélioration durable de la productivité agricole et la transformation des produits agricoles et halieutiques, la valorisation et la gestion rationnelle des ressources naturelles ».
Afin de consolider les acquis du Projet d’appui à la gestion des forêts communales du Bénin dans le secteur de l’aquaculture, le gouvernement et la Banque viennent de lancer le Projet de promotion de l’aquaculture durable et de compétitivité des chaînes de valeur de la pêche, doté d’un financement de 26,43 millions de dollars.
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