• Romuald AFFEDJOU
• 03 Sep, 2024

Face aux défis croissants que rencontre l'agriculture en Afrique, l'agroécologie se profile comme une réponse prometteuse et audacieuse. Cette approche, qui allie science, pratiques agricoles et vision politique, ne se contente pas de cultiver la terre, mais cherche à refonder les systèmes alimentaires du continent sur des bases plus durables et résilientes. Alors que l’agriculture conventionnelle se heurte à ses limites écologiques et socio-économiques, l’agroécologie apparaît comme une alternative viable et nécessaire pour répondre aux défis du XXIe siècle.L' agroécologie va au-delà de la simple production agricole. Elle est porteuse d'une vision politique où la souveraineté alimentaire devient un objectif central. En se réappropriant les systèmes semenciers, les modes de commercialisation et en utilisant des intrants naturels tels que les engrais organiques et les biopesticides, l’agroécologie offre aux communautés africaines les outils pour construire des systèmes alimentaires autonomes et résilients. Elle valorise les ressources locales et encourage une agriculture en harmonie avec les spécificités des terroirs africains. L’un des principes fondamentaux de l’agroécologie est la diversité. Contrairement à l’agriculture industrielle qui tend vers la monoculture, l’agroécologie prône la diversification des systèmes agroalimentaires. Cette diversité est la clé de la résilience face aux aléas climatiques, économiques et sanitaires. En intégrant différentes cultures, élevages et techniques agroforestières, l’agroécologie non seulement régénère les sols, mais crée aussi des écosystèmes agricoles plus robustes. Elle travaille en synergie avec la nature, favorisant ainsi des pratiques agricoles durables et respectueuses de l'environnement. L’agroécologie ne se contente pas de préserver l’environnement, elle revalorise également le métier de paysan. Dans un contexte où le chômage des jeunes atteint des niveaux alarmants en Afrique, cette approche offre une perspective d'emploi durable et digne. En renouant avec des pratiques agricoles respectueuses, les jeunes peuvent envisager un avenir sur leur terre, en cultivant des produits sains et en participant à la dynamisation de leurs communautés rurales. Pour les consommateurs africains, l’agroécologie signifie l'accès à des produits plus sains, plus attractifs et plus compétitifs sur le marché. Les circuits courts et les modes de production transparents assurent une traçabilité et une qualité des produits, tout en garantissant une juste rémunération pour les producteurs. Ainsi, l’agroécologie devient un levier pour renforcer la confiance des consommateurs dans les produits locaux et promouvoir une alimentation saine. La transition vers l’agroécologie nécessite un engagement fort des pouvoirs publics et des acteurs du développement. Il est urgent de réorienter les subventions publiques, souvent dirigées vers l’agriculture industrielle, vers des systèmes agroécologiques diversifiés.Les politiques alimentaires doivent être conçues de manière holistique, intégrant des considérations de nutrition, d’environnement et de justice sociale. Les politiques d'achats institutionnels peuvent également jouer un rôle crucial en soutenant cette transition. Enfin, l'agroécologie doit être reconnue comme un outil stratégique pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment en matière de sécurité alimentaire, de lutte contre la pauvreté et de protection de l’environnement. L’agroécologie représente un avenir audacieux pour l’agriculture en Afrique. En combinant tradition et innovation, elle offre une voie vers une agriculture plus durable, résiliente et équitable. Pour que cette vision se réalise, il est impératif que tous les acteurs, des décideurs politiques aux agriculteurs, en passant par les consommateurs, s'engagent dans cette transition. L'avenir de l'agriculture africaine pourrait bien résider dans cette approche qui respecte la nature, valorise les ressources locales et place l'humain au cœur de la production alimentaire.

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